Uhuru Peak, rendez-vous sur le toit de l’Afrique, jour 7 et 8
À relire, le sixième jour de l’ascension du Kilimandjaro
Il est 22 heures, cela fait déjà plus de 3 heures que je suis bien emmitouflé dans mon sac de couchage à plus de 5700 mètres d’altitude avec une de mes bouteilles remplies d’eau bouillante pour faire office de bouillotte.
Je désespère de pouvoir trouver le sommeil. J’avais déjà beaucoup de mal à m’endormir les nuits précédentes mais là, je crois qu’il faut que je me fasse à l’idée de ne pas pouvoir fermer l’œil de la nuit. Mon cœur bat vite alors que je suis au repos et lorsque je me retourne dans mon sac, tout tourne comme si j’étais ivre. Mon corps manifeste de cette manière le manque d’oxygène.
Je vois passer les heures 22 – 23 – 0 – 1 – 2 – 3 – 4, je finis par m’assoupir 20 minutes et me réveille avec un fort mal de tête. Je respire profondément pour amener plus d’oxygène à mon cerveau qui crie famine, et la douleur s’atténue. Plus que 1h45 avant le « réveil » officiel, je me fais une joie à l’idée d’atteindre le sommet puis de redescendre pour retrouver des altitudes plus clémentes pour mon petit corps en manque de sommeil chronique.
Jour 7, de Crater Camp à Uhuru Peak (sommet) puis descente jusqu’à Mweka Camp (+ 175 mètres de dénivelé positif et – 2795 mètres de dénivelé négatif)
L’heure de se lever arrive enfin, j’enfile mes couches de vêtements et sort de ma tente. Il fait froid et je ne me sens pas très bien, j’ai des nausées. Je dois me résoudre à vomir pour aller mieux. Le soleil se lève également et illumine de ses rayons Crater camp.
Départ à 6h40 et après la journée d’hier, les 175 mètres de dénivelé qu’il reste pour atteindre Uhuru Peak, le toit de l’Afrique, semblent être une formalité. À 7h37, mes pieds foulent le sommet, une grande joie m’envahit ! Nous sommes seuls et la météo est très clémente, le ciel est bleu et la vue bien dégagée. Le panorama est magnifique mais celui d’hier depuis le cratère Reusch l’était tout autant, si ce n’est plus.
Après les photos d’usages devant le panneau le plus célèbre du continent africain, il est temps d’entamer l’interminable descente jusqu’au camp de Mweka, situé à 3100 mètres d’altitude, via le camp de Barafu d’où partent la plupart des trekkeurs qui tentent le sommet par la voie Machame.
La descente passe près des superbes champs de glace sud puis nous arrivons à Stella Point à 5756 mètres d’altitude. Des trekkeurs venant depuis le camp de Barafu s’arrêtent ici, épuisés. Ils ont marché toute la nuit et ils sont à bout de force. Nous dépassons de nombreuses personnes à la descente et nous en croisons d’autres qui essaient encore d’atteindre le sommet. Au rythme où ils vont, je ne pense pas qu’ils y arriveront.
La descente continue jusqu’au très fréquenté camp de Barafu à 4600 mètres d’altitude où nous nous arrêtons pour le repas. Nous sommes déjà descendus de 1295 mètres et ils nous en restent 1500 jusqu’au camp de Mweka. Il nous faudra 3 heures pour l’atteindre. Ce camp se situe dans la partie supérieure de la forêt et la végétation est à nouveau très présente.
Jour 8, de Mweka Camp à Mweka Gate (- 1460 mètres de dénivelé)
Dernier jour, le trek touche à sa fin et j’ai enfin dormi comme un bébé Après des nuits d’un sommeil très perturbé cela fait un bien fou.
Après le petit-déjeuner, toute l’équipe entonne une chanson qui marque le dernier jour de l’expédition. Je prends congé des porteurs. Ils retournent dans leur famille avec un peu d’argent et la plupart retourneront sur la montagne d’ici quelques jours. Quand à moi, je me met à rêver d’une bonne douche, d’un bon lit et d’une bonne bière que je savourerai ce soir à l’hôtel.
Nous entamons la descente finale, 10 kilomètres pour atteindre Mweka Gate à 1640 mètres d’altitude. Nous sommes de retour dans la dense forêt tropicale humide où le vert domine. Après 2h nous atteignons notre but où je reçois mon certificat d’ascension.
La fin d’une belle aventure de 8 jours où j’ai atteint Uhuru Peak, le toit de l’Afrique, par la voie Lemosho.
Ascension effectuée en septembre 2015
Où se trouve le parc national du Kilimandjaro ?
Le parc national du Kilimandjaro se situe dans la partie nord-orientale de la Tanzanie, à proximité de la frontière avec le Kenya et est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1987.
Et bien même si je savais que tu avais atteins le sommet, il me fallait tout de même attendre le dernier épisode pour t’en féliciter. Chapeau !!
Il y a un truc qui me surprend toujours par contre dès qu’on parle d’ascension du Kili, c’est les gains d’altitude très importants d’un jour à l’autre. Normalement, pour limiter les risques d’œdème pulmonaire ou cérébral, au-delà de 3000/3500 m, il est généralement recommandé de ne pas avoir plus de 300 m de gain d’altitude entre les 2 campements. Il n’y a pas de casse au Kili ? J’ai souvenir d’avoir passé une très mauvaise nuit à 4800 m en ayant quasiment respecté ces seuils, alors j’ai du mal à imaginer dormir à 5700 m après avoir dormi la veille à 4870 m.
Merci Laurent !
J’avais lu pour ma part que la recommandation est de ne pas dépasser un gain de 500 mètres par jour et c’est globalement assez respecté au-dessus de 3000 mètres.
Sauf ceux qui choisissent de dormir à Crater Camp où c’est tout simplement impossible car il n’y a pas de plat pour camper entre 4800 et la zone sommitale de 5700.
A savoir que la plupart des trekkeurs ne dorment pas à Crater Camp (je pense que moins de 10% passent par là), la plupart des personnes qui tentent le sommet partent du camp Barafu aux alentours de 4700 et marchent toute la nuit et redescendent dans la foulée.
Perso, je voulais absolument passer par Crater Camp donc j’étais bien conscient avant que je n’allais pas y passer la meilleure nuit de ma vie. A part une insomnie et des nausées le matin, ça a globalement bien passé.
Salut Pascal,
Même si je ne pense pas tenter un jour une telle aventure, ton récit m’a passionnée. J’ai été vraiment impressionnée par l’ampleur de cette expédition, par les paysages somptueux (tes photos au sommet donnent l’impression d’être sur le toit du monde) et par l’effort qu’une telle ascension représente. Bravo! Je me demande maintenant quels sont tes projets pour cette année (après la Laponie) …..
Hello Christine,
merci à toi d’avoir suivi cette aventure et d’avoir pris le temps d’écrire des commentaires.
C’est sérieusement accessible à tout le monde qui aime un tant soit peu la marche.
Je n’ai curieusement pas encore de projet pour cette année, par contre j’ai une petite idée pour 2017, l’année de mes 40 ans
Merci pour ce très bon récit qui m’a tenu en haleine du début jusqu’à la fin! C’était passionant, bien écrit et les photos sont magnifiques!
J’aurais beaucoup de mal à gérer le manque de sommeil, mais c’est une aventure qui a l’air grandiose!
Merci à toi de l’avoir suivi et d’avoir pris le temps d’écrire des commentaires !
salut pascal,
super récit et superbes photos !!!
je compte faire la même route que toi en fevrier, seul aussi.
as tu une idée des temperatures que tu as eu durant la nuit au cratère ? (pour le choix du duvet)
tout le monde parle de -20°c voir -30°c, les as tu ressenti dans la tente ? je ne trouve rien de précis à ce niveau là (alt./temp.)
à part sur les modèles météo, mais je ne vois que -7° à cette altitude…
peut tu m’éclairer ?
merci
Salut will et merci !
Non, il ne faisait clairement pas -20 ou -30 au sommet, -7° à -10° me semble plus plausible mais je n’avais pas de thermomètre avec moi.
Mais bon, j’avais néanmoins un bon sac de couchage (Mountain Hardwear Lamina -30) et j’étais bien content de l’avoir, à mon humble avis, un duvet avec -15 en température de confort me semble être le minimum pour une nuit au cratère.
J’avais également utilisé une de mes bouteilles comme bouillotte et ce n’était pas superflu.
En plus, la météo était clémente (pas de vent) en septembre, je pense qu’il y aura de la neige au cratère en février.
Bon trek
c’est sympa à toi de répondre rapidement,
ok, c’est ce que je pensais, du coup je vais m’orienter vers du bon -15° duvet d’oie + sac à viande polaire (plus polyvalent).
merci pour tes infos.
et pour les tips tu avait prévu combien par personne ?
merci
Pour les tips, il est recommandé de donner au guide 100 – 125 $ / personne donné individuellement et 20 $ – 35 $ par jour pour le reste de l’équipe dans une enveloppe.
Donc pour un trek de 8 jours 20 $ – 35 $ x 8 = 160 $ – 280 $ / personne.
Sachant que j’étais seul, j’ai été un peu plus généreux.
Tu pars avec quelle compagnie ?
normalement avec « auram safari »
tu dit 100 – 125 $ pour le guide, c’est par jour ? (si je suis le calcul fait pour l’équipe)
ça fait un sacré budget tout ça !!!
Non, pour le guide, c’est pour la totalité du trek
Il faut lui donner séparément et bien préciser que l’enveloppe est pour le reste du team.
Il faut donner l’enveloppe devant tout le monde pour éviter les embrouilles.
Bonjour
Superbe ce récit Pascal et ces photos magnifiques.
Will j’imagine que tu as tes dates de voyage.. je m’y prend un peu tard, mais ce trip m’intéresse depuis un moment et j’ai plein de dispo en fevrier
Si jamais tu n’es pas contre qu’un compagnon de voyage se joigne à toi, voici mon mail chcout@hotmail.com que l’on discute en MP.
Je m’appelle Adrien, j’ai 31 ans et je vis sur Lille.
A bientot peut-être
Fabuleux !
J’ai choisi le même itinéraire que toi pour juillet 2018!
Superbes photos et un récit qui m’invite à l’imagination d’une belle Aventure.
Je pense que je vais avoir le même mal de sommeil que toi (l’année dernière au Pérou j’en ai été victime également.)
Bravo encore pour ce beau récit !
Merci Fabrice !
Tu as choisi un très bon itinéraire, tu verras.
Je reviens du Bhoutan où j’ai dormi entre 4000 et 5000 mètres et cette fois, j’ai plutôt bien dormi… donc il ne faut pas généraliser.